Dans son édition du mardi 23 octobre, Auto Plus révèle le contenu d'un rapport du Secrétariat général de l'administration de la police, chargé de contrôler le bon fonctionnement des radars. Il y est relevé de graves manquements à la loi dans l'utilisation des radars fixes et mobiles.
Ce n'est pas la première fois qu'Auto Plus brocarde les radars. Les extraits du rapport réalisé en 2006 par le Secrétariat général de l'administration de la police publiés par l'hebdomadaire automobile mentionnent « d'importantes erreurs de mesure de la plupart des radars de vitesse fixes ou embarqués sur le territoire français, engendrées par le mauvais positionnement fréquent des cinémomètres. » C'est le positionnement des radars, qui est soumis à des règles très précises, qui est visé.
Radars mobiles
Pour que les mesures réalisées par les radars mobiles soient exactes, ceux-ci doivent être réglés à 25° par rapport à l'axe de la route (arrêté du 7 janvier 1991). Dans cette vue, la mise en place sur le terrain implique que les gendarmes et les policiers doivent utiliser un décamètre leur permettant de poster un repère à 25 mètres de leur véhicule. Le mode d'emploi du fabricant de radars Sagem précise que « le positionnement seul du véhicule ou du trépied ne peut en aucun cas suffire à garantir cette orientation. »Dans les faits, selon le rapport, ce protocole n'est pas respecté, et les unités spécialisées confessent qu'elles n'effectuent plus la manipulation car matériellement impossible. Le document précise en effet que l'installation actuellement réalisée par la Sagem ne permet pas à un fonctionnaire de pouvoir viser correctement le jalon par la lunette de visée. »
Ces manquements à la loi rendraient près de 500 voitures-radars non conformes. Selon un extrait du rapport, "dans cette configuration, un conducteur circulant à 88 km/h sur une voie limitée à 90 km/h serait contrôlé à 96 km/h. »
Radars fixes
Concernant les radars fixes, l'angle de 25° doit également être respecté et certifié par un contrôle officiel lors de l'installation, de la repose ou de la vérification annuelle, conformément à un arrêté du 31 décembre 2001. Mais selon AutoPlus, des imprécisions sur l'angle des radars sont ici aussi constatées. « Aucune attestation d'agent assermenté de l'Etat ne vise à prouver que lors des installations primitives, d'une part, et des reposes des antennes, d'autre part, l'angle de 25° prévu par le constructeur est bien respecté » explique le rapport."Visiblement, aucune de ces installations de radar n'a fait l'objet d'un alignement précis avec un théodolite, seul appareil capable de déterminer une droite parallèle avec l'axe médian de la chaussée. »
Le rapport a été transmis en juin 2006 à l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et à la Direction de Projet Interministériel pour le Contrôle automatisé (DPICA). Hier, le Ministère de l'Intérieur a assuré dans un communiqué que toutes les garanties « étaient réunies pour éviter une erreur matérielle ou humaine dans les contrôles de vitesse. L'Automobile Club d'Alsace a pour sa part demandé une enquête officielle et un moratoire sur les amendes et la contestation des infractions routières « si les informations sur les erreurs de mesure des radars révélées par Auto Plus étaient avérées. »
En 2006, les radars ont généré un produit de 350 millions d'euros. D'ici la fin de l'année, 2 000 radars, dont deux tiers fixes, seront en service sur les routes françaises.